ELIMINATION DE LA CONNAISSANCE SUR LA RÉINCARNATION

L’ancien christianisme, du temps d'Origène ne connaissait aucun dogme ferme, et la notion d'église n'était comprise sous aucune institution ferme.  Le développement de la théorie d'église avait été déterminé principalement par certaines thèses théologiques qui avaient été fixées par des assemblées d'églises. C’est seulement après, que le christianisme au IVe siècle, étant devenu une religion d'Etat romaine, que les premiers dogmes étaient institués.

Ces dogmes religieux, loin de la vérité de la vraie foi étaient avant tout des directives premières à la défense de certaines conceptions de la foi qui ne correspondaient pas aux intérêts religieux naissants et de ce fait devaient êtres expliqués, sinon elles devaient être considéré comme anathème (exposée publiquement à la malédiction par l'autorité ecclésiastique..).

Officiellement après le concile de Nicée (le premier grand concile de l'histoire de l'église chrétienne) en l'an 325, et certainement comme il en est à supposer, déjà plus tôt, des « Correcteurs » nommés par l’administration religieuse étaient autorisés à corriger des écrits selon la vue juste des hommes au pouvoir. Ainsi ils commencèrent la modification consciente voir l’éradication des passages mal vus ou incompréhensibles dans les écritures du Nouveau Testament. C'est vraisemblablement qu'en ces temps que de  nombreux écrits du Nouveau Testament concernant la théorie de réincarnation furent enlevés.

Les trois conciles œcuméniques suivant Constantinople en 381, Ephèse en 431 et Chalcedon en 451 au contraire, faisaient reconnaître Jésus-Christ comme l'unique Sauveur de notre époque et donneront à chaque "vrai" Chrétien la libération de la mortalité du corps matériel, en acceptant le Christ et son Eglise. Ainsi la théorie de la réincarnation était amoindrie à vue d'œil, puisqu'elle n'était plus considérée ni désirée pour le "vrai" Chrétien et finalement elle fut supprimée définitivement au cinquième concile de Constantinople en 553.

ORIGÈNE 185 - 254

Éminent philosophe, théologien et prêtre chrétien du IIe et IIIe siècle, Origène est l'une des grandes figures de l'école d'Alexandrie dont il fut le recteur dès l'âge de dix-huit ans. Apologiste d'une rare fécondité, il mit au point une méthode d'étude de l'Ancien Testament et fut, ainsi, le fondateur de l'exégèse biblique. Ayant, par ailleurs, une vie mystique intense, il fut également l'instigateur d'une nouvelle forme d'analyse biblique. Il tenta, en effet, de dévoiler le sens spirituel des Ecritures par le biais du ressenti considérant que certains passages de la Bible seraient indignes d'un Dieu d'Amour s'ils devaient êtres appréhendés à la lettre...

Origène rédigea également de nombreux traités ascétiques et fut le premier Père de l'Eglise à tenter de faire du Christianisme une philosophie mystique. Mais, accusé de dénaturer la foi chrétienne en l'imprégnant des théories néoplatoniciennes, il suscita de nombreuses controverses qui lui valurent le destin des grands martyrs. Suite à sa dernière œuvre, réfutant les attaques d'un philosophe païen, il fut cruellement torturé et mourut de ses blessures.

Nous retiendrons de son œuvre son traité « Sur les Principes » qui expose sa doctrine selon laquelle, notamment, tous les esprits ont été conçus égaux et unis au Divin. Leurs différences actuelles résultent de l'usage plus ou moins négatif du libre arbitre qui leur a été donné avec l'Amour divin. Certains esprits eurent donc le désir de s'incarner sur un plan qui leur correspondait, autrement dit, moins subtil donc plus matérialisé. Pour Origène, la matière n'est donc pas la cause de la chute originelle de l'homme mais la conséquence de sa densification. Mais, dès lors qu'à travers elle, il exerce son libre-arbitre à bon escient, elle devient source d'allégement. Aussi, tout en admettant que le salut vient de la connaissance, Origène réfute la pensée dualiste de certains gnostiques qui consiste à croire en un mauvais démiurge créateur du monde et de la chair. Pour lui, l'homme n'en est pas la victime pas plus qu'il ne l'est de la matière. Il est aimé d'un Dieu d'Amour qui le veut totalement libre.

Pourtant, selon Origène, toutes les créatures s'orienteront tôt ou tard vers le Divin car « En toute âme se trouve le sens spirituel et l'image de Dieu ». Fameuse théorie de l'apocatastase qui n'est pas, comme elle pourrait le laisser entendre, en contradiction avec la notion de libre arbitre. En effet, si un être ne fait pas le choix de l'Amour, il régresse et son âme se décompose peu à peu pour retourner, en substance, au sein du Père. Et s'il choisit l'évolution, il finit par comprendre que la liberté se trouve dans le choix d'aimer et que tout autre choix serait celui de l'aliénation. Selon Origène, enfin, une seule existence ne saurait permettre ce retour au sein de Dieu...

Faisant preuve d'une hardiesse qui subjugua autant qu'elle déplut, Origène joua un rôle novateur et considérablement influent bien au-delà de son époque. Au moment où les gnostiques de tous horizons annoncent un renouveau spirituel, la doctrine d'Origène nous ouvre les yeux sur nos origines et notre devenir. Loin des polémiques de l'époque, elle nous recentre sur notre besoin profond de donner un sens à notre incarnation et d'évoluer par ce monde manifesté.

Louis de Batère – Les lettres de la tour de Batère

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Date de dernière mise à jour : 04/03/2020

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