L'Enseignement de Jean Yves Leloup

Le pèlerin ne sait pas toujours où il va, mais le chemin, lui, le sait.

Quand on entre dans la dimension spirituelle, on ne sait plus ni d’où on vient ni ou on va. Il n’y a plus que l’instant, nous dit Jean-Yves Leloup. On sait qu’on vient de l’infini, on fait l’expérience du fini, et on retourne à l’infini. » Mais alors, dans cette dimension hors de l’espace et du temps, à quoi correspond le chemin ? « Chacun a à devenir ce qu’il est. L’homme n’est pas un être, il est un peut-être, un champ de possibilités. »

Tout serait-il donc possible ? « L’être humain est un mélange de nature et d’aventure. Avec de l‘argile comme avec au marbre, on peut faire un pot de chambre ou une vénus de Milo. Tout dépend de l’orientation que l’on donne à ses déterminismes. « Ainsi, le chemin est directement connecté à nos processus de connaissance de soi. « Un programme intérieur est là, en nous, comme une partition de musique, mais il n’est pas complètement préétabli, tout dépend de notre façon de jouer avec nos particules. C’est là le mystère de notre liberté. » Pour Jean-Yves Leloup, la religion a justement pour but de rappeler à l’homme qu’il est aux commandes de sa vie.
« Aucun Dieu ne tient une arme, c’est notre propre main. Dans toute religion ou tout parti, il est essentiel de se demander si cela nous rend plus vivants, plus libres, plus intelligents, et plus aimants » L’épanouissement doit ainsi être au cœur de nos actions.
« L’enfer c’est l’enfermement. Dans le moi, dans le connu, dans ce que je crois être la vérité. Il faut garder l’esprit dans « l’ouvert”. » Cheminer, c’est donc se remettre en doute, questionner perpétuellement le réel et notre comportement. « Dieu n’est pas la réponse à nos questions, mais la question à nos réponses. On s’en sert souvent comme d’un bouche-trou à nos interrogations, alors qu‘il questionne justement nos réponses scientifiques et philosophiques »

Aujourd’hui, deux modes de vie sont possibles : consommer ou communier « Comme au Paradis, je peux communier avec l’Être à travers les êtres, un paysage, un visage. Ou alors je peux tomber dans un état de consommation de l’autre, de la terre, de la matière. Et qui dit consommer, dit consumer » Mais alors, comment retrouver, au-delà de la consommation, la communion ? « En réalisant que l‘important n’est pas la quantité, mais la qualité par laquelle on communie avec l’Être. Et cela suppose que les choses ne soient plus des idoles que l’on accumule. » Se nourrir, faire une rencontre, apprendre quelque chose, deviennent ainsi de précieux moments de communion avec la vie. « Arrive un moment où l’on en a marre de consommer et où l’on revient à l‘essentiel. On mange moins de nourriture mais on la savoure. On a moins de relations, mais on les appondit. C’est là qu’on se rend compte que l‘on est plus riche de ce que l’on donne que de ce que l’on a. »

Et. Lorsqu’on entre dans cet état de reliance à la vie, il arrive que des signes viennent nous guider. « L’invisible englobe le visible. Ces signes prouvent que la lumière est là.
Le premier enseignement de Jésus est la métanoïa, qui signifie passer au-delà du mental En arrêtant de vivre sans cesse dans les mots et les représentations, nous revenons à la réalité, à la présence des choses. Nous ne projetons plus nos idées, mais regardons simplement. » La sagesse n’est ainsi pas seulement théorique, mais sensorielle. « Rien ne sert d’accumuler les livres, une seule citation peut suffire à communier avec la pensée de l’auteur… » Et peut-être même à entrevoir le paradis !

DÉCRYPTAGE PAR ANGÉLINE ROMAGGI

Revue Inexploré – N°31 – ÉTÉ 2016

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Date de dernière mise à jour : 31/05/2019

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