Les appels désespérés des scientifiques

Les appels désespérés des scientifiques sur l'urgence climatique se suivent et se ressemblent, preuve que les dirigeants et une partie des citoyens n'ont toujours pas compris les enjeux dramatiques du basculement climatique en cours. L'Alliance des scientifiques du monde vient de publier un nouvel appel solennel, signé par plus de 11 000 scientifiques pour des décisions urgentes et drastiques sur notre modèle de développement alors que le scénario du "business as usual" perdure.

Il y a un peu moins de deux ans, 15 300 scientifiques à travers le monde signaient un appel pour la préservation de notre support de vie, non pas pour que les "oiseaux continuent de chanter" mais pour que l'humanité perdure, rien que ça ! En vain, il a été relayé partout et pour tous mais rien ne change... Les entreprises continuent et intensifient leur greenwashing et les décideurs leurs plus beaux discours, aussi incohérents qu'irresponsables.

Mais la réalité d'un monde qui change trop vite ne se soucie pas de la perfidie, des intérêts futiles et des tergiversations sans fin des Hommes. Cette réalité, c'est celle qui est rappelée par 11 000 scientifiques de 153 pays qui ont signé un appel sans équivoque dans la revue BioScience.

"Malgré 40 ans de négociations sur le climat mondial, à quelques rares exceptions près, nous avons généralement poursuivi nos activités habituelles et avons largement échoué à faire face à cette situation difficile. La crise climatique est arrivée et s'accélère plus rapidement que prévu par la plupart des scientifiques. Il est plus grave que prévu et menace les écosystèmes naturels et le destin de l'humanité."
Ce que redoutent le plus les scientifiques ce n'est pas quelques degrés de plus qui pousseraient les occidentaux sur les plages pendant l'été, c'est la mise en place d'un basculement climatique irréversible qui conduirait de grandes zones sur Terre à devenir tout simplement inhabitables pour l'Homme. Ce scénario catastrophe où les rétroactions s'emballent provoquant des réactions en chaîne est de plus en plus plausible est particulièrement "inquiétant".

Par conséquent, les "scientifiques ont l'obligation morale d'avertir clairement l'humanité de toute menace catastrophique et de le “dire tel quel”. Sur la base de cette obligation et des indicateurs graphiques présentés ci-dessous, nous déclarons, avec plus de 11 000 scientifiques signataires du monde entier, clairement et sans équivoque que la planète Terre est confrontée à une urgence climatique.
Il y a exactement 40 ans, des scientifiques de 50 pays se sont réunis à la première Conférence mondiale sur le climat (à Genève en 1979) et ont convenu que les tendances alarmantes en matière de changement climatique nécessitaient d'agir avec urgence. Depuis lors, le Sommet de Rio de 1992, le Protocole de Kyoto de 1997 et l'Accord de Paris de 2015, ainsi que des dizaines d'assemblées mondiales et de scientifiques, ont mis en garde contre le même état d'alarme. Cependant, les émissions de gaz à effet de serre (GES) continuent d'augmenter rapidement et ont des effets de plus en plus dommageables sur le climat de la Terre. Une immense augmentation des efforts en matière de conservation de notre biosphère est nécessaire pour éviter des souffrances indicibles dues à la crise climatique (GIEC, 2018)."

Cet appel s'appuie sur des grands indicateurs mondiaux : augmentation de la population, de la consommation énergétique, de la déforestation, de la consommation de viande, du nombre de voyages en avion, des concentrations et émissions de gaz à effet de serre, des températures, de l'acidification des océans, de la fonte des calottes glaciaires, du niveau des océans... Des indicateurs lourds et implacables sur la voie sans issue dans laquelle nous sommes engagés dans un aveuglement qui dépasse l'entendement.

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Sans surprise, les scientifiques expliquent que la crise climatique actuelle est intimement liée à notre société de consommation et à notre mode de vie, qui est devenu un standard à atteindre pour tout humain. A ce titre, ils formulent plusieurs recommandations urgentes et indispensables qui ne concernent pas seulement les décideurs :

  • le monde doit rapidement et massivement s'engager dans l'efficacité énergétique, les économies d'énergie tout en remplaçant les combustibles fossiles avec des énergies renouvelables ;
  • l'extraction des combustibles fossiles doit être arrêtée, les subventions aux énergies fossiles supprimées. Le prix du carbone doit augmenter et les puits de carbone naturels doivent être améliorés ;
  • réduire les émissions des polluants à courte durée de vie comme le méthane, les suies et les hydrofluorocarbones (impliqués dans la dégradation de la couche d'ozone) ;
  • protéger et restaurer les écosystèmes terrestres et notamment ceux qui sont des puits de carbone majeurs (zones humides, mangroves, prairies, sols, savanes, forêt, récifs coralliens...) ;
  • stopper la perte de biodiversité et d'habitats des animaux en protégeant les forêts primaires et intactes restantes, tout en augmentant le reboisement à très grande échelle ;
  • manger davantage d'aliments à base de végétaux tout en diminution la consommation de produits animaux, notamment les ruminants ;
  • labourer au minimum les sols ce qui en augmente la teneur en carbone ;
  • réduire de manière drastique l'énorme quantité de déchets alimentaires dans le monde ;
  • réduire l'extraction excessive de matériaux et la surexploitation des écosystèmes ;
  • développer une économie sans carbone : nos objectifs doivent passer de la croissance du PIB et de la poursuite de la prospérité à la préservation des écosystèmes et à l'amélioration du bien-être humain, en accordant la priorité aux besoins essentiels et en réduisant les inégalités ;
  • avec 80 millions d'humains supplémentaires par an sur Terre, la population mondiale doit être stabilisée et au mieux réduite progressivement via des politiques familiales, une équité sexuelle et une meilleure éducation notamment pour les jeunes femmes.

Avec la défaillance et l'irresponsabilité de nos décideurs, c'est la société civile qui s'empare de plus en plus de ces questions via des actions en justice, des manifestations régulières, des blocages...

En conclusion de cet appel sans détour, les scientifiques se disent "prêts à aider les décideurs dans une transition juste vers un avenir durable et équitable (...) Nous pensons que les perspectives seront meilleures si les décideurs et l'humanité tout entière réagissent promptement à cet avertissement et à la déclaration d'une urgence climatique et agissent pour maintenir la vie sur la planète Terre, notre unique demeure."

Et vous que faites-vous pour construire un monde meilleur ?


Référence

William J Ripple, Christopher Wolf, Thomas M Newsome, Phoebe Barnard, William R Moomaw, World Scientists’ Warning of a Climate Emergency, BioScience,

Auteur : Christophe Magdelaine / notre-planete.info

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Date de dernière mise à jour : 25/12/2019

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